• Introduction

     

    Salutations, chercheur de Smûl. 

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    Comme vous l’aurez sûrement deviné, cette nouvelle partie aura pour but, comme les nouveautés que l’on peut retrouver dans le menu, d’informer les visiteurs sur l’actualité de la Bibliothèque, c’est-à-dire les évènements importants qui se dérouleront en ces lieux obscurs. Vous voulez savoir ce qui se passe dans les tréfonds de Smûl ? Connaître les dernières légendes publiées par les Épistoliers ?  Eh bien, consultez régulièrement cette section afin d’obtenir toutes les informations exclusives du moment.

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    Sur ce, je vous laisse à la toute première nouvelle du mois et n’oubliez pas : un bon Gaag est un Gaag mort !

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    Votre Épistolier de Smûl,

    Edorak.

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    « [...] Je n’eusse pas été bien loin que déjà, les Plaines aux Bourrasques s’étendaient devant moi comme un tapis de roses. [...] »

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  • II.

     

     

    Les briques assemblées les unes sur les autres formaient un interminable tunnel en arc. Il était haut et vide, son fond imperceptible dans les ténèbres. Galadrid s’avançait à l’intérieur, tâtant la pierre froide du bout des doigts. Ses pieds nus et rouges rampaient sur le sol, et la chaîne corrodée qui les liaient frottait le plancher rocailleux à chacun de ses pas. Les anneaux se frappaient parfois à de petites pierres qui firent éveiller des échos qui se perdaient lentement dans l’obscurité. C’était l’unique bruit que l’on pouvait discerner dans ce néant, comme une voix qui lui indiquait le chemin à suivre. Il n’y avait aucune odeur ou temp érature, l’endroit était mort, dépourvu de vie.

    Soudain, tandis qu’il se relevait une d’une nouvelle chute, Galadrid sentit qu’on avançait rapidement vers lui. Des bruits retentissaient de l’extrémité nord de la voie, droit devant lui. Pris de panique, il tenta de rebrousser chemin malgré les liens d’acier qui le faisaient vaciller contre les murs. Il avait maintenant des éraflures partout sur les genoux et le visage, lui brûlant la peau comme du fer chaud. Mais ses efforts furent vains, car déjà il recevait les souffles d’une haleine putride sur sa nuque. Le Ruln n’osa pas se retourner tant il avait peur de découvrir l’atrocité qui se dressait derrière lui. Les attaches à ses chevilles lui faisaient horriblement souffrir et même s’il avait tenté de les retirer quelques moments plus tôt, de longs filets de sang continuaient de couler sur ses pieds. Oubliant la douleur qui le tenaillait, il continua de ramper jusqu’à-ce qu’une forte prise aux doigts minces et tranchants l’immobilise. Il tenta de se déprendre de la main maléfique qui lui serrait les os en frappant du pied, mais elle tenait bon, bien décidée à ne pas laisser s’enfuir le Ruln couvert d’entailles. Galadrid chercha, tout en se débattant, l’habituel couteau qu’il tenait à sa ceinture, mais il n’y trouva qu’un fourreau vide : on le lui avait confisqué.

    Lorsqu’il voulut finalement regarder le visage de son assaillant, il se réveilla. Galadrid fut alors aveuglé par une lumière vive qui lui brûla la rétine. C’était comme si soudainement, l’éclat du soleil avait transpercé les murets de pierres pour terrasser les ténèbres du tunnel. Il était toujours sur le sol, un sol poli et froid, la même noirceur maintenant traversée de barres lumineuses. Galadrid se redressa tant bien que mal et se frotta les yeux toujours engourdis. Quel était ce rêve ? Ça il se le demandait, car maintenant ses pieds étaient libres et aucune goutte de sang ne les souillait, comme si les blessures dont il avait souffert s’étaient volatilisées. Pris de confusion, il s’avança vers la source de la lumière et comprit.

    Il ferma les doigts sur les barreaux de la prison, contemplant le lieu où il venait de se réveiller de l’étrange cauchemar.  Le Ruln se trouvait dans la cellule d’un cachot où une unique lampe pendait au plafond. Les murs étaient glauques et tapissés de petits tapis moussus, ce qui rendait l’endroit sinistre. L’attention du prisonnier fut portée sur une table bancale à la gauche d’une autre cellule devant lui, où jonchait un squelette de forme singulière. Il s’y tenait un coffre de bois, scellé par un cadenas de cuivre. Contiendrait-elle la clef de la sortie ?

    Bien décidé à ne pas moisir derrière ces barreaux, Galadrid tira, poussa, frappa sur la serrure qui le retenait captif, mais elle ne broncha pas. Il se laissa tomber sur le sol dans un soupir de découragement, et s’adossa contre la porte. Maintenant que ses yeux étaient habitués au noir d’encre, il observa les murs qui l’entouraient, et laissa échapper un cri de surprise qui se perdit dans les couloirs. Ils étaient tous martelés de grands dards tranchants comme des rasoirs et acérés comme des lances. Sur certains d’eux étaient plantés des crânes de tous genres, et des ossements perforés décoraient la pièce horrifiante. On aurait dit qu’un terrible massacre s’était déroulé ici, dans cette cellule, et Galadrid comprit aussitôt qu’il serait la prochaine victime à goûter la mort.

    Il se recula aussitôt, sans quitter des yeux l’horrible spectacle qui se déroulait sous son regard. Dégoûté, il se saisit d’un des ossements (assurément un avant-bras), et commença à le cogner contre les barreaux de métal, ce qui déclencha aussitôt un grand vacarme à travers la geôle. 

    « Sortez-moi d’ici, par tous les rois ! s’écria-t-il tout en continuant son grabuge, je ne vous ai absolument rien fait ! Que voulez-vous !? » 

    Le son de sa voix se perdit comme tout le reste dans les profondeurs des sombres couloirs. Il jura pendant des heures sur tous les dieux existants, avant de s’abandonner derechef sur le plancher glacial. Le Ruln jeta son arme de fortune avec colère contre les murs, celle-ci retournant finalement dans l’amas d’ossements verdâtres et grugés par les rongeurs. Ayant donné toute son énergie à éveiller l’attention de quelqu’un, il commença à croire qu’on ne viendrait jamais le délivrer et que dans quelques jours il rejoindrait ses compagnons de cellules.  

    Tout juste avant de sombrer dans le désespoir, des bruits de pas retentirent dans la pénombre. Galadrid se redressa aussitôt, espérant que le visiteur s’approche de sa cellule. Ne voulant pas éveiller l’attention d’une âme mauvaise, il garda son calme et ne hurla pas comme il l’avait fait quelques instants avant. Les pas se firent plus bruyants, quoique sans précipitation, et Galadrid s’agita de plus belle, jetant des regards hâtifs vers la source du bruit. Un écran noir empêchait le Ruln de voir la silhouette du venant, et il était craintif de découvrir ce qui s’y cachait, vu son dernier cauchemar. Aussitôt commença-t-il à craindre le pire qu’un étrange personnage se délogea du noir. Celui-ci était de petite stature et avait le torse nu, dévoilant un ventre généreux. Partout sur ce dernier étaient gravés des dessins et formes variées, comme si on lui avait littéralement arraché de la peau. Ses gros doigts étaient tous décorés d’anneaux trop petits, ce qui les rendaient boursouflés et rouges. Quant à son visage, il n’avait rien de pire que ce que Galadrid aurait pu imaginer. Il était sans cou et parsemé de bosses, comparable à des bulles sous sa peau et ses yeux étaient à peine perceptibles sous cet horrible masque. On aurait dit un énorme crapaud qui brûlait sous un puissant soleil.

    C’est à cet instant qu’il comprit qu’il aurait à faire à un Gaag, ces êtres sournois vivant dans les contrées à l’est des montagnes en bordure de Rulìn.

    « Bonjour et bienvenue, Galadrid famille de Gìlan, dans la cellule du donjon sous la citadelle de Rulìn, s’exclama-t-il du trou sans dentition qu’il portait en guise de bouche.  On me dénomme le Meneur, parce que je mène les gens vers la sortie. »

    « Oui, et je vous conseille de me la montrer sur-le-champ ! »

    Galadrid s’était maintenant collé contre les barreaux et le pointait vivement du doigt, faisant passer son bras entre les barres de fer.

    « Pas de précipitation, maître Ruln. Si vous souhaitez sortir d’ici, vous devrez m’écouter attentivement. La prophétie sur les élus, comme vous l’avez entendu de la voix de Vilynas, guilde d’Esmaër, n’était pas entièrement vraie. Elle mettait en scène quatre valeureux guerriers choisis par le roi de Rulìn, traversant maintes épreuves afin de se tailler une place vers le chemin qui mène à la gloire sans limite. Vous avez été choisi parmi d’innombrables voyageurs, mercenaires, gardes et autres afin d’être l’un d’eux, parce que nous avons vu en vous le profil parfait pour accomplir cette quête, malgré votre vie sans histoire. Si vous sortez d’ici vivant, alors nous verrons que nous ne nous sommes pas trompé sur votre cas. Si vous échouez, alors tout s’arrêtera ici, et personne n’entendra plus jamais parler de vous. Tout cela peut vous semblez prompt, mais j’ai d’autres concurrents à tester aujourd’hui. »

    Le prisonnier se passa nerveusement la main dans les cheveux en observant d’un air absent la salle derrière lui. Il s’accroupit, se calant la tête dans les genoux.

    « C’est un assassinat, murmura-t-il tout en ne lâchant pas le sol des yeux, rien qu’un massacre fondé sur des vieux dires…Pourquoi moi, je n’y comprend rien… »

    Un rictus se dessina sur le visage ravagé du Meneur, tandis qu’il s’avançait vers le petit coffre que Galadrid avait vu à son réveil. Il le passa entre les barreaux, devant le Ruln, et y posa sur le dessus une minuscule clef, qui pouvait assurément entrer dans l’encoche du cadenas de cuivre. Aussitôt, il repartit d’où il était apparu et déclara :

    « Votre première épreuve. Je vous retrouverai à la seconde, si vous n’échouez pas. »

    Et un long ricanement s’échappa des ténèbres, tandis que sa silhouette corpulente disparaissait totalement. Galadrid se retrouva seul une nouvelle fois, complètement seul. Il se questionnait surtout sur la raison de son emprisonnement, ces épreuves, ce monstre qui venait de lui adresser la parole … Tout cela n’avait aucun sens.

    Il rampa vers le coffre que le Gaag venait d’insérer dans sa cellule.

    « Autant mourir en essayant de retrouver la lumière, pensa-t-il. » 

    Il prit la clef entre ses doigts, et la contempla un moment. Sa tête état faite en crâne, ce qui le rendit mal à l’aise aussitôt. Était-ce un message lui indiquant de ne pas l’insérer dans le cadenas, ou simplement un moyen pour le faire mourir de faim ?

    « Eh bien je ne resterai pas là à ne rien faire pour le savoir. »

    Il entra les dents de la clef squelettique dans le métal du cadenas et la laissa là un moment, le temps de prendre une grande respiration et de réfléchir deux fois avant d’accomplir son action. Galadrid la tourna finalement dans la serrure, et il eut alors un violent déclic. Le bout de cuivre explosa littéralement, ouvrant du même coup le coffret. Il s’en cracha une épaisse fumée noire qui surplomba momentanément la salle. Galadrid avait eut l’heureux réflexe de se tenir loin du coffre, se bouchant le nez pour ne pas inhaler la nuée ombrageuse. Aussitôt que le nuage fut évaporé, le Ruln s’avança de nouveau vers la boîte de bois et en examina le contenu. Au-dessus du tout, il y avait un morceau de parchemin habilement roulé et lié par un ruban noir. En s’en saisissant, il vit au fond une simple pierre, taillée en rond parfait. Galadrid la regarda un instant, avant de la prendre avec précaution et de la fourrer dans sa poche. Il détacha le ruban, et lu la lettre, rédigée d’une main rapide et sévère :

     

    Louange à votre courage pour avoir ouvert le coffret de votre première épreuve, et avoir survécu au gaz impardonnable. Si je vous avais révélé l’effet de ce poison au début de notre entretien, je crois que vous serriez resté dans votre cage à mourir graduellement, comme une fleur sans soleil. Quoi qu’il en soit, le contenu en valait la peine, guerrier Ruln. Ce que vous voyez dans ce coffre est une pierre bien plus précieuse qu’elle n’en a l’air. Elle permet de vous faire découvrir les prochaines pierres qui vous seront utiles afin de terminer votre épreuve. Chacune d’elle actionnera un mécanisme qui vous rapprochera de l’ouverture de la serrure devant vous, celle qui vous retient prisonnier. Pour cette épreuve, vous devrez user de votre logique et de votre concentration afin de ne pas céder à la panique et d’ainsi quitter ce lieu.

    Simple remarque : le gaz qui s’est échappé du coffret a enclenché la fermeture des murs à pointes tout autour de vous. Comme vous le voyez sûrement, le plancher est divisé en carreaux orange et noir. Si vous lisez ceci, c’est que vous vous trouvez sur l’un des pavés orangés. La simple pression de votre pied sur un carré noir vous serait fatale.     

    Je vous laisse maintenant avec cette citation que j’apprécie grandement, puisse-t-elle vous éclairer en cet endroit : « Lequel malheureux sait observer de par la lumière trouvera ». 

    Avec mes meilleurs intentions,

     

    Le Meneur.

     

    Galadrid lut, et relut la lettre du Gaag plusieurs fois, mais elle ne semblait pas apte à entrer dans son esprit. Les mots étaient trop durs, trop rapides, difficiles à comprendre. Il sentit alors que tout ceci n’était pas un simple jeu, avec des épreuves grotesques où il faut traverser quelques obstacles, mais véritablement un test de mort. Il parcourut la pièce du regard, et il vit aussitôt les traits qui parcouraient le sol, le divisant en carreaux orangés et noirs. Comme l’avait dit le Meneur, il se trouvait sur un carré orange, et j’y resterai, pensa-t-il.

    « Courage, épreuves, gaz, murs à pointes … Vous devrez user de votre logique et de votre concentration afin de ne pas céder à la panique et de quitter ce lieu …  Lequel malheureux sait observer de par la lumière trouvera… Oui, tout ceci est une énigme. Mais que signifie-elle ? »

    Il sortit alors de sa poche la pierre qu’il avait retirer du coffre, et l’observa attentivement. Il avait beau la tournoyer dans tous les sens, elle ne semblait pas disposée à lui donner un éventuel indice. Ne trouvant définitivement pas de solution, Galadrid s’adossa contre les barreaux de la prison, prenant soin de ne pas toucher le sol noir. Soupirant, il regarda autour de lui à la recherche d’une possible information que le Meneur aurait laissée, mais hélas, en vain. Perdu dans ses pensées, il se rappela de sa maisonnette à Rulìn, où brûlait toujours sur le feu sa bouilloire à thé. Peut-être quelqu’un était-il venu s’occuper de sa demeure ? Ou encore, était-elle rasée par les gardes afin de ne plus laisser d’indices sur l’existence de Galadrid ? Quoi qu’il en soit, celui-ci venait de s’apaiser, tête sur les barres de fer, repensant une dernière fois à sa vaisselle perdue.

    Il se réveilla en sursaut, quelques minutes plus tard, en se rendant compte que tout ceci n’était pas un rêve. Il fut ébloui par l’éclat de la lampe au plafond, tant il n’y était pas habitué, et avec une main, il se protégea des assailles de la lumière vive. C’est alors qu’il vu quelque chose briller dans la pierre qu’il tenait toujours. Galadrid la regarda avec espoir, mais celle-ci avait perdue toute brillance d’un coup. Il se remémora les mots du Gaag :  Lequel malheureux sait observer de par la lumière trouvera.

    Pris d’une grande excitation, il dressa le joyau devant les rayons de la lampe, et brillant de mille feux, un dessin se forma dans la roche. Il y avait là deux crânes, un de grande taille et l’autre de petite. Bien qu’il eut découvert une nouvelle piste, son enthousiasme laissa place à la confusion. Qu’est-ce que ça veut bien dire ? Cela a sûrement un lien avec les cadavres. Mais lequel ? Il considéra la pièce en se relevant, et sauta sur un autre carré orange, plus loin, frôlant de près la mort. Et si le grand crâne était de taille standard, et l’autre, celui d’un enfant ou d’une race étrangère ? C’est ça, je dois trouver une tête de petite taille.

    Sautillant en évitant le sol noir, Galadrid chercha dans l’amas d’ossements (longuement mais avec espoir) la clef pour sortir de l’endroit maudit. Se faufilant dans les crânes et les bras blancs, il finit par trouver ce qu’il cherchait désespérément. Incéré dans une cage thoracique, le Ruln vit derrière les fines côtes un crâne de l’envergure de deux poings. Il s’en saisit, cherchant quoi que ce soit susceptible d’attirer son attention, mais il semblait parfaitement normal, malgré sa taille concise. Il étudia, même parmi les dessins que pouvaient former les craquements, mais il ne trouva point. C’est alors qu’il remarqua les dimensions des deux orbites. Celui de droite était de forme ovale et imprécise, tandis que l’autre était rond. Qu’est-ce que cela veut bien dire ? Il mit la main dans sa poche, et en sortit la pierre du coffret, où les deux crânes étaient maintenant absents. Mais bien sûr ! Il compara la grandeur de la cavité à celle du joyau magique, et comprit aussitôt. Il incrusta cette dernière dans le trou noir de l’orbite qui s’installa parfaitement.

    Subitement, comme si un éclair l’avait frappé, Galadrid lâcha aussitôt le crâne sur le sol lorsqu’il vit les murs se rapprocher de lui, menaçant de le transpercer. Il avait les deux pieds posés sur une dalle noire.

    Les mâchoires du petit crâne s’ouvrirent dans un brusque claquement …  

     


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    Avant-propos

    Contrairement aux autres contes et légendes contenus dans cette bibliothèque, l’Épopée de Galadrid le Ruln est une histoire complète divisée en plusieurs chapitres. Cette histoire sera donc plus détaillée que ce que vous verrez dans la section Contes et Légendes, puisque ce sera plus laborieux et approfondi. J’espère de tout cœur que ce texte vous charmera. Les commentaires sont naturellement appréciés. 

     

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    I.

     

    Dans les lointaines landes de Rulìn, vivait autrefois un peuple paisible où les majestueuses reliques, fondées par les anciens Aljar, se dressaient tels les pics des forêts. On appelait Ruln les gens de cette région qui s’étendait à l’est de la ceinture de Baëdre, longue chaîne de montagne qui tranchait les territoires. À l’ombre du Mont d’Ûl, en bordure de la Voie Venteuse, s’ouvrait le squelette jalousement caché de Rulìn. La structure provocante de l’arche principale était taillée d’une pierre blanche et lisse. On racontait par sa grandeur  qu’elle avait été créée afin de permettre aux êtres bienveillants de la voir de par les montagnes et par sa solidité, de menacer les mauvais. Les Rulns vivaient derrière cette impérieuse muraille depuis sa création, subsistant dans des fugaces chaumières de bois, où une légère fumée s’étendait éternellement au-dessus des toits. Ces habitations étaient généralement carrées, décorées de quelques fenêtres et soutenues d’un toit de paille. Des champs agraires se dessinaient dans le paysage, frappés au contour par des clôtures de fortune où les animaux daignaient sortir la tête en quête de sortie. Lesquels animaux comprenaient de grands rapaces qui prenaient leur essor du sommet des édifices royaux, planant au dessus du pavé des routes. Les plaines vertes étaient filtrées de petits courants d’eau, barrés tantôt par les rayons de l’orbe du soleil, tantôt par des ponts. Interminables étaient les terres habitées, fortifiées par de grands murets qui faisaient le pourtour de Rulìn à des lieues à la ronde. Ceux-ci restaient inconnus par la plupart des Rulns, tant les terres étaient vastes et nombreux sont ceux qui en ignoraient l’existence même, ce qui en faisait une région emplie de mystères.

    Là vivait Galadrid, de la famille Gìlan, dans une maison au nord où les murailles de Rulìn se distinguaient presque à l’horizon. La maisonnette était postée seule, comme en relégation des autres, en façade d’un ruisseau qui crépitait tranquillement sur les rochers. On y avait aménagé un pont en arc, sur lequel deux rampes fragilement cloutées s’y tenaient. Reposant sur l’une des corniques, pieds battant l’air au-dessus du paisible écoulement de l’eau, un paysan tirait vivement un long bâton se terminant à son sommet par un fil qui descendait au fond de la source. La canne menaçait de se rompre par la voûte qu’elle formait à chacune des assailles du brave. Il s’y délogea finalement, au bout du fil tendu, un poisson frétillant qu’il détacha de l’hameçon avant de le jeter dans un panier, attirant une nouvelle nuée de mouches. Sifflotant, le grand et fier Ruln trottina vers sa chaumière où il poussa la porte, s’aventurant dans sa demeure qui dégageait d’agréables effluves d’épices.

    L’endroit était spacieux, quoique de bas plafond, et tout avait été taillé dans le bois. Comme à l’habitude dans ces habitations, plusieurs paliers de chêne soutenaient le second étage, ce qu’il rendait le lieu relativement entassé et il fallait une attention constante pour ne pas se cogner contre eux. De grands meubles appuyés contre les murs dévoilaient une panoplie de vaisselles inimaginables : de grandes assiettes décorées d’anneaux d’or, des ustensiles scintillants malgré les siècles qui les grugeaient, des tasses forgées par des origines diverses, les objets ne manquaient pas. Une grande table dominait la cuisine illuminée par les rayons du soleil qui perçaient plusieurs fenêtres. La dite table était entourée de hautes chaises sans dossier, conformément à la menuiserie de Rulìn. Tout ce qui rendait finalement l’endroit chaleureux et charmant.

    Galadrid le Ruln sortit de son panier le poisson qu’il avait fraîchement pêché et l’étala sur la cuisinette, avant de se diriger vers une bouilloire de cuivre pleine d’eau qu’il tira à deux mains. Il l’accrocha au dessus de sa cheminée et satisfait, retourna à sa proie en se frottant les paumes. Après s’être rincé les mains dans un bocal comme à son habitude, il se saisit du petit couteau qu’il tenait à sa ceinture et fit aller la lame dans la chair comme dans du beurre au soleil. Il en sortir les viscères et les bouts indésirables avant d’étendre le poisson sur l’une des assiettes de sa vaisselle resplendissante. Galadrid poivra et sala le tout avant de rajouter quelques herbes et épices contenues dans des bocaux sur des étagères fixées sur les murs. Le sifflement de la bouilloire au-dessus de la braise le fit sursauter et il se hâta de la décrocher à l’aide de ses gants de cuisine. Il versa le liquide chaud dans une tasse argentée à la forme irrégulière et y posa une feuille de thé qui, au simple contact de l’eau bouillante, s’évapora en un étrange nuage de fumée bleue. Tranquillement, Galadrid déposa son repas et son breuvage sur la table et prit place sur l’une des hautes chaises dépourvues de dossier.

    Il mangea à son rythme, c’est-à-dire jusqu’à-ce que les derniers rayons du soleil traversent les herbes des plaines pour laisser place à la lune. Laissant la vaisselle vide sur la table, il sortit à l’extérieur fumer les dernières feuilles de tabac dans sa pipe sculptée à la manière Aljar, assis sur une petite chaise qui donnait sur le paysage désert de Rulìn. À chaque soir où Galadrid venait le contempler, il se rendait compte à quel point il était éloigné du monde. Il ignorait pourquoi les rois Rulns n’établissaient pas d’autres habitations ici, près de sa maison, devant la rivière riche en poissons. Peut-être avaient-ils peur de l’Endroit. Une caverne au bas de la montagne à quelques lieues derrière la maison de Galadrid que les souverains redoutaient par dessus tout. On racontait que cet horrible endroit était tout près de la muraille de Rulìn et que les Aljars s’en servaient comme prison et lieu de torture envers les êtres malveillants. Cette caverne maudite avait été la dernière forteresse tenue par les Aljars lors de la venue des Rulns qui réquisitionnèrent le territoire durant les temps sombres de Rulìn. Mais ces derniers ayant entendus les échos de terribles desseins se déroulant du creux de la montagne, laissèrent les derniers Aljars, pris d’une colère infinie, derrière le roc jusqu’à-ce que mort les prennent. Depuis ce jour, nul ne sut ce qui se tramait au Mont d’Exar (car ainsi on l’appelait) hormis les richesses innombrables du peuple Aljar. Certains disaient qu’ils préparaient des représailles contre les Rulns, d’autres qu’ils sont tous morts d’épuisement de la guerre et du manque total de nourriture.

    Galadrid n’y croyait point et vivait en solitude au nord, ce qui ne lui déplaisait nullement. Il n’avait aucun souvenir de la société à Rulìn, ayant quitté son domicile familial tout jeune il y a plus d’une centaine d’années. Il recevait néanmoins l’aimable visite de sa famille Gìlan de temps qui l’implorait de revenir en ville. Mais celui-ci déclinait l’offre, répétant qu’il ne retournerait jamais dans le vacarme des marchés et le manque de verdure. Il disait qu’il vivrait de lui-même, de la nourriture qu’il chasserait, des vêtements qu’il tisserait, des couteaux et des pointes de flèches qu’il forgerait. Et c’est ainsi que lui vint le nom de Galadrid le fou, ou Galadrid le brave pour ceux qui le connaissait, c’est-à-dire les Gìlan. Il ne s’en souciait guère, préférant de loin la pipe et les poissons frais aux cris et aux gardes vaniteux de Rulìn.

    D’ailleurs, il venait tout juste de s’apaiser sur la table bancale de son balcon, se questionnant une dernière fois sur l’appas le plus efficace pour attraper les poissons de sa rivière…

     

    * * *<o:p></o:p>

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    Galadrid se réveilla en sursaut quand il réalisa qu’on cognait à sa porte. Il s’était réveillé plus tôt dans la nuit, couché sur sa petite table dehors et avait regagné sa chambre à coucher avec un terrible mal de dos où il s’était finalement endormi. Tout en grognant, il enfila son chemisier terreux et serra sa lourde ceinture sur son pantalon verdâtre, où le fourreau vide de son couteau pendait. Traversant pieds nus sa maison, il jeta un bref coup d’œil à travers une fenêtre qui montrait de nouveau le paysage noir de la nuit.

    « Et on m’appelle Galadrid le fou ! Eh bien moi, je ne frappe pas chez les gens à cette heure-ci, pensa-t-il en jurant. »

    Résolu à dire sa façon de penser au mystérieux visiteur, il accourut aux multiples serrures de sa porte qui s’ouvrirent dans un déclic. La porte s’ouvrit sur une des étranges silhouettes. Ils étaient trois individus, postés devant le cadre de la porte, les reflets de la lune réfléchissant sur eux. Ceux de gauche et de droite arboraient une armure métallique et étaient de grande taille, comme la plupart des Rulns. Ils portaient tout deux des casques qui voilaient leur regard et tout ce qu’on pouvait discerner d’eux étaient une bouche sans expression. Comme pour mettre mal à l’aise Galadrid, ils palpaient le pommeau de leur grande massue accrochée à la taille. Celui du milieu était plus petit que les deux autres et enveloppé d’une toge rouge. Il n’avait aucune arme, hormis un grand bâton où une gemme éclatante brillait à son sommet. Pareillement aux individus sur ses flancs, son visage était impénétrable. Il était recouvert d’un masque ambré, marqué par un duo de barres noires à la verticale. Son allure était terrifiante, en cette nuit sombre du moins. Avançant la main devant lui, il dit :

    « Galadrid, famille de Gìlan, ravi de voir que vous êtes plus ponctuel que les autres. Je suis le sorcier Vilynas de la guilde d’Esmeär, à l’ouest. Je suis envoyé sous les ordre de Dalrid, roi de Rulìn, afin de vous parler de votre aventure future. Pouvons-nous avoir l’honneur d’entrer dans votre humble demeure ? »

    Peut-être la fatigue l’avait-t-il fait halluciner ce qu’il venait d’entendre à cet instant. Un sorcier ? Aventure ? Tous ces mots ne voulaient rien dire pour lui depuis un long moment. Et le roi impliqué dans cette histoire ? Galadrid n’avait rien de glorieux, rien de là, un simple paysan qu’on étiquette d’insensé depuis fort longtemps. Ils voulaient assurément lui proposer des services pour lui imposer les taxes de Rulìn, ou encore le conjurer de partir loin d’Exar, comme ils le font habituellement. Oui c’était ça, il les laisserait entrer afin d’en finir au plus vite avec eux et leur expliquerait à quel point ces rumeurs sur la montagne étaient fausses et basées sur de vieilles légendes.

    « Entrez, entrez, dit-il avec un enthousiasme forcé, je crois que le thé est encore chaud. Après une si longue route ! »

    Vilynas baissa la tête avec gratitude et entra dans l’habitation, suivi par ses deux gardes qui n’avaient toujours pas bougé. Le sorcier se mit à table, tandis les deux autres restèrent postés aux côtés de leur protégé. Il posa tranquillement son bâton lumineux sur le sol, et joignit ses deux mains ensemble, comme s’il priait. Galadrid quant à lui s’attela à la cuisine et versa le reste du liquide toujours chaud dans quatre tasses qu’il déposa sur un plateau d’argile. Comme il l’avait fait la veille, il déposa sur le dessus de chaque gobelet une feuille de thé. L’un des nuages fut bleu, l’autre mauve et les deux derniers d’un jaune clair. Il s’avança de nouveau à la table où le mage l’attendait, sourire aux lèvres et donna une tasse aux trois individus. Galadrid porta l’eau à sa bouche en fermant les yeux.

    « Aimable de votre part monsieur Gìlan, dit Vilynas, mais dans mon état vous voyez, je ne peux pas ingérer votre, j’en suis sûr, excellent breuvage. »

    Pris de gêne en remarquant le masque figé sur son visage, Galadrid balbutia avant de reprendre la tasse dorée et la rapporter à la cuisine. Il s’excusa mille fois à son arrivée - avec plus ou moins de sincérité – et le magicien leva la main avec un rictus, signifiant qu’il en était habitué. Galadrid se remit devant lui avec un peu moins de confiance et Vilynas enchaîna :

    « Maintenant que nous sommes assis et seuls, je peux vous expliquer ma venue chez-vous à cette heure si tardive. Les deux personnages que vous voyez derrière vous ne sont dotés d’aucune conscience, n’ayez donc pas peur d’eux, ils répondent qu’à mes ordres. Ce sont des Vivorts, de simples cadavres remis à la vie par des moyens magiques puissants. »

    Le cœur de Galadrid fit un bond dans sa poitrine, il en eut même un mouvement de recul. Avoir le pouvoir de soulever une armée de mort n’était pas un enchantement acquis par n’importe qui, même pour un mage. Il eut alors l’impression que la venue de Vilynas n’était pas innocente, et qu’il allait lui parler de quelque chose de sérieux. Reprenant anxieusement de grandes gorgés de thé, le Ruln sentit qu’il commençait à trembler malgré lui.

    « Je vous ai choisi parmi tant d’autres, parce que je vous ai vu réussir où d’autres échouaient, continua le sorcier, je vous ai vu triomphant avec deux de vos compagnons de voyage. »

    Galadrid était complètement confus. Jamais il n’avait côtoyé qui que ce soit en dehors de sa famille et il n’avait encore moins voyagé aux côtés de quelqu’un. Il ne comprenait plus un mot à ce qu’il racontait, ce qui le fit presque perdre patience.

    « Sauf votre respect, sorcier Vilynas de la guilde d’Esmeär, mais j’ignore de quoi vous parlez, s’exclama-t-il, avec une pointe d’agressivité, vous venez chez-moi me raconter des évènements qui ne se sont jamais déroulés. »

    « Mais ils se dérouleront, Galadrid famille de Gìlan, Ruln sous la colline noire, connaissez-vous l’histoire du mont d’Exar ? Mais bien sûr que vous la connaissez, vous la reniez depuis plusieurs années déjà. Mais elle existe bel et bien. Le mal gronde dans les profondeurs de la montagne comme de la braise flamboyante, les anciens sont mécontents et préparent leurs assailles prochaines depuis plusieurs siècles. Depuis que vos peuples ont saccagé Rulìn, autrefois Aljarria, ils ont déclenché une guerre sans fin.

    Les Aljars ont longtemps demeurés dans les ténèbres, mais aujourd’hui le monstre se réveille et se déchaînera sur le sud. Les machines de guerre roulent déjà, les cors menaçants crient comme des fouets et les bottes de métal frappent le sol tels des tambours. Une très ancienne légende décrit ce mouvement titanesque, depuis la fondation de Rulìn comme vous le connaissez maintenant. Elle racontait également comment un groupe de quatre individus d’origines diverses, séparés par des tensions de race, arrivait à se réunir et terrasser la force Aljar une bonne fois pour toute. Traversant les Plaines Acérées d’Arlig, le Col de Vordrak, les Versants Infranchissables, les Forêts d’Eznìl et bien d’autres lieux, ils finirent par atteindre le bas d’Exar, là où la caverne s’ouvre. Et pour une raison inconnue, les quatre ennemis d’antan mirent à néant la menace Aljar. Mais ils revinrent toutefois avec l’un de leur compagnon attaché à un animal, gisant sans vie. Tel fut la légende du Mont d’Exar et des quatre intrépides. »

    Le Ruln comprit aussitôt où le sorcier voulait en venir : il était l’un des élus contre le terrible complot des Aljars qu’il avait si longtemps négligé. Mais il n’y croyait pas du tout. Il n’était qu’un paysan sans histoire, ne faisant que pêcher le poisson et cueillir des épices; il n’avait pas l’étoffe d’un valeureux héros. Pourquoi lui ? Pourquoi pas Vilynas le mage sans visage qui avait le pouvoir de contrôler les morts ? Les questions se bousculaient dans sa tête jusqu’à en renverser sa tasse sur le sol dans un éclat de verre et de thé bleuté.

    « Monsieur, murmura-t-il tout en ramassant bêtement les morceaux de sa tasse fracassée, je crois que vos visions vous font défaut. Je n’ai aucun lien avec les Aljars, ni avec un trio de traîtres de race. Vous savez où est la sortie et je vous remercie pour cette visite nocturne avec vos compagnons putrides. Au revoir. »

    « L’avenir de Rulìn, et peut-être de tout est entre vos mains Galadrid de Rulìn, collectionneur de vaisselle étrangère. Si mes mots ne suffisent pas, je vous montrerai. »

    Aussitôt, il se saisit de son bâton et le tint à deux mains. Il décrocha la gemme blanche du bout et fouilla dans une sacoche accrochée à sa ceinture. Le sorcier en sortit une autre pierre, bleue cette fois et l’inséra dans la cavité. Stupéfait, Galadrid contempla l’éclat de la lumière qui formait un orbe azur. Des images se dessinaient à l’intérieur et s’agitaient, jusqu’à devenir plus claires. On y voyait des gens courir, couverts de marques écarlates, paniqués. Derrière eux se trouvaient des ombres irrégulières, tenant épées, lances et poignes de fer. Les toits de paille étaient embrasés, et certaines maisons étaient déjà en amas de cendres sur l’herbe noire. De longues files de citoyens avançaient vers le nord, enchaînés et martelés d’encoches ensanglantées. Ils guidaient les derniers citoyens vers qui sait quel maléfice. Tout était à feu et à sang et les cadavres s’entassaient comme des pommes. Il s’en fut assez pour que Galadrid se prenne la tête à deux mains et sanglote en silence. Il venait de voir Rulìn la ténébreuse.

    Or donc, le Ruln se leva brusquement de son banc et en s’essuyant avec un mouchoir qu’il avait sorti de sa poche, il s’écria :

    « Mais par toutes les vaisselles divines de ce monde, pourquoi me montrez-vous de telles choses ? Qu’attendez-vous de moi, sorcier ? Vous voulez m’ensorcelez ou tester vos prochains enchantements pour me rendre aliéné comme vos deux poltrons là ? »

    Contrairement à Galadrid, Vilynas resta de marbre devant l’emportement du Ruln. Même si on ne pouvait pas croiser son regard, Galadrid se sentit épié par les deux barres verticales de son masque. Soudain, le sorcier se redressa de son siège et le poussa contre la table.

    « Le roi ne m’a pas dit qu’il fallait recevoir l’accord de monsieur Gìlan afin de le conduire à la citadelle de Rulìn, dit-il tout en se dirigeant vers la porte de sortie, hélas, je n’aurai donc le choix que d’utiliser Vag et Lian’n pour arriver à mes fins. Merci pour votre humble hospitalité. »

    Aussitôt, les deux gardes se secouèrent grossièrement et tirèrent leur lourde massue. Le premier coup fut frappé par celui de gauche qui fracassa la table littéralement en deux, faisant voler dans les airs les tasses qui se brisèrent sur le plancher. Complètement déboussolé, Galadrid tenta de saisir le couteau de son fourreau, mais en vain : il reposait toujours dans la cuisine hors d’accès. Il tenta une manœuvre pour esquiver les coups violents portés par les Vivorts qui se rapprochaient de plus en plus, sans un sourire, le regard caché derrière leur heaume.

    « J’aurais dû voir la mutinerie depuis le début, une machinerie du roi, j’en étais sûr ! s’écria Galadrid en pointant du doigt Vilynas qui ne se retourna pas, nous nous retrouvons, mécréant de nécromancien, que les dieux me prennent si je mente ! »

    Et Galadrid ne fut plus. Il s’écroula lourdement sur le sol, le bras droit ensanglanté par la massue noire qui venait de s’abattre violemment sur le membre. Il jonchait inerte sur l’épaule du cadavre, la fine brise de l’aube qui se levait émergeant de la porte ouverte. Elle ne se refermerait plus…


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